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Mythes et légendes de Périllos

18 février 2012

Approche sur la véritable histoire du four du Tiroulet à Opoul

 dome du four de la sals

                            Dôme d'un four à verre à la Sals dans le Razès

Dans l'article "Une pierre blasonnée mine de rien fait un four" nous abordions l'histoire d'un four d'Opoul qui aurait appartenu aux Pérellos. Cette propriété (non) prouvée par une pierre blasonnée et datée se révélait à l'étude historiquement impossible et trahissait un mythe. Si nous avions ensuite émis de sérieuses restrictions quant à son usage pour fondre du minerai d'or, par contre, en l'absence de connaissance nous n'avions mis en cause sa vocation verrière au vu de la seule vitrification des parois.

Marc Pala, infatigable marcheur à la découverte de notre passé dans les Corbières, suite à la lecture de notre article au cours de recherches sur les fours à verre du secteur, n'a pas hésité à affronter le froid et le vent de cette saison pour aller à la rencontre de ce four. Il nous a contacté et son apport étant particulièrement profitable, nous vous exposons ses conclusions qui ouvrent pour notre plus grand plaisir un pan de la mémoire ancienne de ce four.

"Bonjour,
 Je vous dois un petit mot sur ce four du Tiroulet à Opoul que j'ai retrouvé sans mal. Je le désigne d'après le nom du courtal (de Tirolet) près duquel il se dresse.
Comme je le pressentais à la vue des photos mises en ligne, il ne s'agit absolument pas d'un four de verrier. Mais bien d'un four à chaux; les traces de vitrification sur la paroi interne sont dues aux fortes températures entre 1100 et 1300° qui ont porté les grès, intégrés à la construction, à leur point de fusion. Même topo si mes souvenirs sont bons (c'était il y une quinzaine d'années) pour 2 autres fours repérés près du ruisseau de la Margue, au nord-est d'Opoul.
Et c'est bien dommage car les fours de verriers sont plutôt rares en Corbières orientales : 1 à Embrès-et-Castelmaure, 2 à Saint-André-de-Roquelongue, 1 à Narbonne (près du château de Saint-Pierre-des-Clars), 1 à Jonquières. Pour l'instant cette courte liste est exhaustive; d'autres sont pressentis si l'on s'en réfère à la toponymie : à Feuilla (Col dal Beyre), à Fontjoncouse (Mont Veyre)... Les prospections s'avèrent en revanche plus concluantes dans les Corbières occidentales plus favorisées en matière de forêt ou de substrat gréseux.
Aussi, pour notre secteur, tout four de verrier présumé mérite d'être signalé au service archéologique de la DRAC. Un programme de recherche sur cette thématique est en cours...

Je n'ai pas vraiment travaillé sur les archives d'Opoul-Périllos. Mais les fours à chaux et les emplacements de charbonnières sont très communs dans tous les villages des Corbières. A Roquefort-des-Corbières par exemple, près d'une trentaine de fours à chaux ont été recensés sur le territoire communal. Malheureusement c'est une activité qui n'a pas laissé de traces dans la mémoire collective aussi ces structures sont anonymes et oubliées. Exceptées quelques unes, rares, qui portent le nom du tènement comme "Lo Forn del Sorn" sur Opoul ou d'un chaufournier, le "Four de Pistole" à Caves.
Ces fours ont fonctionné d'une manière intensive surtout durant le XVIIIe siècle (époque probable de la construction de ce courtal de Tirolet) et furent déclassés par des fourneaux semi-industriels vers le milieu du XIXe siècle (type semblable à ceux du Malpas à Salses, en bordure de la route d'Espagne ou encore ceux de Lapalme, Mailhac...)
Si vous retournez à Tirolet, vous remarquerez près de l'entrée basse du four, un monticule herbeux, le terril de défournage, dans lequel se retrouvent, au milieu des cendres et de pierres calcinées, des fragments de chaux. Et non pas des chutes et des rebuts de verre, voire des morceaux de creusets, comme cela devrait être le cas si nous avions affaire à une verrerie. En contrebas se révèlent plusieurs petites excavations d'où les chaufourniers ont tiré la pierre à calciner. Comme toutes les calquièras artisanales et traditionnelles, celle-ci est bâtie en surélévation, accolée à un talus qui permettait de déverser la pierre par le haut (gueulard) du fourneau.
On peut encore remarquer à l'intérieur l'absence de sole, la voûte en encorbellement, qui supportait la charge à consumer, étant reconstruite à chaque nouvelle fournée. En règle générale, la cuisson, qui consiste à porter les pierres calcaires au rouge, n'excède pas les 800° C. A partir de 1000-1100°, et plus, excès de chauffe, la chemise se vitrifie. A contrario, en dessous de 600°, on obtient  beaucoup d'incuits.
Fabriquer une chaux "parfaite" était un savoir-faire délicat, un art, qui ne souffrait pas les approximations.
Ce n'était certes pas des nobles comme les maîtres verriers qui travaillaient autour de ces fourneaux de fortune, mais ces hommes n'en méritent pas moins tout notre respect pour leur dur labeur et notre intérêt pour leur humble histoire qui est aussi l'histoire de cette terre.
Ces quelques notes pour se donner les moyens de sauvegarder ces témoins d'un passé aujourd'hui bien oublié mais peut-être pas définitivement révolu.
Cordialement
Marc Pala"

Nous aimons partager ces histoires simples. En cela nous remercions encore grandement Marc Pala pour nous avoir offert ses connaissances et ouvert cette mémoire oubliée.

Il n'y avait pas l'or des Pérellos, pas de nobles verriers non plus, mais ce four par cette rencontre fortuite nous a tous enrichis et cette terre nous devient encore plus attachante pour avoir approché sa connaissance.

http://www.dailymotion.com/video/xjllln_marc-pala-passeur-de-territoire_news

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31 janvier 2012

L'orientation orientée de l'église et des chapelles de Périllos

Boussole Oriole-5
                      Boussole légendaire devant la chapelle du Val d'Auriole

Nous allons aborder une histoire qui va se révéler des plus humoristiques parmi celles que nous lisons ou entendons sur Périllos.

Les trois lieux de culte de Périllos, l’église, la chapelle Ste Barbe et la chapelle Ste Thérèse du Val d’Auriole seraient exceptionnelles du fait de leur orientation annoncée, peu ou prou, N-S (orientation actuelle pour les deux chapelles, dans le passé en ce qui concerne l’église). Voici encore de quoi attiser notre curiosité, mais, mythe ou réalité ?

Vérifions donc ces affirmations l’une après l’autre, en utilisant les outils à notre disposition ainsi que les textes publiés ou les vidéos de conférence, accessibles via internet.

     1) La chapelle Ste Thérèse du Val d'Auriole

Il n’y a pas longtemps encore, si vous habitiez loin et que l'on vous affirmait qu’une chapelle est orientée nord-sud (Ref 1, 2) ou plus prudemment "proche du nord-sud" (Ref 3), vous étiez bien obligé de faire confiance. Mais aujourd’hui, vous ne l'êtes plus. Un outil moderne des plus fiables - Google Earth - vous permet de vérifier instantanément cette affirmation et cela sans vous déplacer.

La voici cette fameuse chapelle, le nord vous est indiqué par une boussole dans le coin supérieur droit de l’image:

orientation val oriole cadrée

Il semblerait qu'en ce qui concerne cette chapelle, nous soyons bien dans une légende qui a perdu le nord et soit selon l’expression populaire carrément  "à l'ouest".
Le premier postulat (orientation N-S) a ici sérieusement du plomb dans l’aile.
Qu’en est-il du second et de son prudent "proche du nord-sud" ?
Traçons les axes N-S et E-O ainsi qu’en bleu la droite NO-SE : la conclusion s’impose d’elle-même et est sans appel.

orientation val oriole angulée

 Donc "proche du nord-sud" dans le parler légendaire doit se traduire par ""un proche est-ouest" on ne peut plus banal et classique pour n’importe quel lieu de culte, mais cela ne nous arrange pas de dire "plutôt est-ouest"".

     2) La chapelle Ste Barbe

Cette construction est indiscutablement orientée nord-sud, nous le confirmons.

     3) L'église de Périllos

Cette dernière par contre est tout aussi indiscutablement orientée est-ouest, ce qui ruinerait également l’ensemble de la légende. Oui, mais c’est oublier que le propre des légendes est de pouvoir faire fi de toute vraisemblance, de s’affranchir de toutes les contraintes. Elle n’est pas N-S ? Qu'à cela ne tienne, nous allons avoir droit, avec le plus grand sérieux, à un pivotement de l'église.

 Au sujet de ce surprenant pivotement, qui aurait indubitablement laissé des traces historiques, nous aurions voulu découvrir qui en aurait été le décideur, dans quel but, à quelle date, avec quels subsides ?  Nous avons essayé de mettre un peu d’ordre dans les différentes histoires rencontrées pour mieux comprendre. Nous constatons que la légende (il ne peut en être autrement) nous offre deux variantes. Vous pouvez choisir celle qui vous convient le mieux. L'idéal nous vous le disons de suite étant quel que soit votre choix de vite oublier l'autre, car elles se contredisent mutuellement, ce qui est une constante dans les légendes de Périllos, leurs évolutions leur étant toujours fatales sur le plan de la crédibilité et du fondement historique.

Des deux versions proposées, nous allons d'abord citer celle que nous préférons et expliquer pourquoi elle est celle qui nous a le plus diverti : Ramon de Perellos y Roccaful aurait fait procéder au changement d'orientation juste avant la passation du Roussillon à la couronne de France dans le but de faire disparaitre en même temps les caveaux après son ensevelissement. (Ref 4, 5, 6, 7).

  •       Ramon de Perellos y Roccaful (1637-1720) n'a jamais mis les pieds à Périllos, à moins bien sûr que les propriétaires séculaires du lieu ne l'y aient convié à une visite de courtoisie. Or la visite d’un tel personnage (Grand Maitre de l’ordre de Malte, excusez du peu) ne passe pas inaperçue.
  •       Il n’est que de rappeler qu'il était bien jeune quand ces terres, qui appartenaient déjà à d'autres seigneurs que les Pérellos depuis plus de deux siècles, sont passées sous la couronne française (1659). Soit 60 ans avant sa mort. On ne peut être plus prévoyant…
  •      Les seigneurs de Gléon-Durban propriétaires des lieux, l'auraient autorisé à faire ces travaux "avec des bergers" (Ref 5) ? Ce n'est pas une mince affaire pourtant que la déconstruction-reconstruction du lieu de culte du village, sur un sol accidenté (forte déclinaison), pavé de rochers, avec l'approvisionnement discret du bois de charpente, des pierres, de la chaux etc... Le tout dans la plus grande discrétion et sans laisser la moindre trace écrite, le moindre acte notarié. On croit rêver…
  •      Plus surprenant, ces seigneurs de Gléon-Durban, qui comme le prétend la légende, ne rêvaient que d’être enterrés dans le caveau des seigneurs de Pérellos sous l'église ont poussé la discrétion jusqu’à ne pas se mêler des travaux mais auraient par la suite entamé des recherches pour découvrir ce caveau tant convoité, (voir "Spoliation sur ordonnance royale dans ce blog"). Nous le disions, les légendes sont là pour vous divertir, pas pour raconter la vérité. Et c'est incontestablement la plus divertissante.

Nous comprenons mieux pourquoi les légendes de Périllos, qui n'ont pas entièrement perdu le nord, évitent dans cette version de citer des références à des actes notariés ou autres écrits historiques ; il est malaisé de concilier l'inconciliable et d’expliquer des faits incompatibles... Cette version est incontestablement postérieure à celle à laquelle nous allons nous attacher. 

Car dans celle-ci (Ref 1, 3), la preuve en serait fournie dans un ancien relevé notarié X. Tout ce que nous en savons c'est que cette fois ci nous n'avons pas droit aux fameux documents du notaire Courtade. La raison en est évidente, on ne peut raisonnablement trouver des actes concernant des travaux réalisés au moment de l'annexion à la couronne française, soit en 1659  dans un relevé d’actes portant sur les années 1624 et 1632. Evidemment si vous croyez toujours à la réalité des histoires de notaire entretenues par la légende vous pourriez vous poser la question : mais alors quel notaire ? Pourquoi pas Courtade, puisqu'il est affirmé par ailleurs qu’il aurait relevé tout le reste au moment de l'annexion?

Voilà il faudra bien se contenter de cette base, sans aucune preuve, la référence faisant défaut, mais cette fois ci nous n’en savons pas plus sur les personnes qui auraient réalisés ces travaux. Une hypothèse est toutefois avancée sur la cause de ce changement d’orientation. L'église de Périllos aurait été la chapelle castrale des seigneurs et lors de l'annexion, elle serait devenue église. Faut-il en conclure que le village n'avait pas d'église avant ? C’est quand même peu probable. Mais comme par ailleurs les légendes parlent souvent des registres de l'église de Périllos, registres qui à cette époque seraient passés à Durban, c'est qu'il y avait bien une église. Mais ceci n'est qu'un détail que nous relevons a titre documentaire et sort du sujet qui est cette pirouette de l’église. Nous voulons seulement mettre en évidence les innombrables contradictions au sein de ces légendes.

Et nous voici avec une seconde hypothèse pour ce changement d’orientation. Cela a été réalisé "dans le seul but de dissimuler cet étrange plan" (Ref 1 et 3). Oui mais par qui ? Car il nous est précisé en suivant que c'est "dés lors que la région de Périllos passe sous le contrôle du Roi". Ce sont dans ces mêmes références 1 et 3 que nous trouvons l’allusion au relevé notarié auquel nous refusons le titre de preuve.

Il est temps de résumer ce que nous avons relevé dans les deux versions d’un même événement pour apprécier :

D’une part, dans la seconde version rapportée, il est fait état d’un acte notarié (que personne n’a vu), de bâtisseurs inconnus (surprenant dans un acte officiel) et d’une date très approximative ( "dés lors que la région de Périllos passe sous le contrôle du Roi" donc après 1659) et un but (« dissimuler cet étrange plan »). Une date approximative sur un acte notarié ?
Ensuite la légende évolue et nous apprenons qui est l’instigateur (Ramon de Perillos y Roccafull) , nous avons une date approximative (avant 1659), une raison (faire disparaitre l’entrée du caveau convoité) et tout cela pour quelqu’un qui mourra 60 ans plus tard ; toute l’opération se déroule dans le plus grand secret, sans le moindre acte notarié la moindre preuve historique, même avancée sous X. Au-delà de toutes ces incohérences, on s’interrogera avec raison sur l’intérêt soudain à cacher un caveau qui était vraisemblablement apparent depuis des siècles (celui des Perillos) s'il existe.
Vous l'avez bien compris, les deux versions se contredisent mutuellement et démontrent à qui veut y réfléchir qu’en dehors des orientations scientifiquement prouvées, nous sommes bel et bien dans le cadre d’une fiction, d’une légende.

Ne prenons que la « démonstration technique » tendant à démontrer le changement d'orientation d'après des constatations sur le terrain (Ref 8). L'effort est louable, certes, mais stérile, ne s'appuyant finalement que sur une intime conviction. Même en admettant un certain bien fondé des propos tenus, force est de constater notre ignorance complète en ce qui concerne l'histoire des divers bâtiments attenants à cette église, dont on ne sait rien ni des possibles reconstructions suite aux divers sévices dus à des siècles de guerres diverses dans ce Roussillon où elles se sont succédées, sans parler de leurs usages qui ont pu varier au cours du temps.

Mais le fait que les trois églises et chapelles aient été ou non orientés au nord ou à l'est n'a de sens que si l'on en prête un à l'orientation unique et mystérieuse vers le nord. Ce qui n'est absolument pas le cas. Bien sûr, une majorité d'églises sont orientées approximativement vers l'est (comme l'église de Périllos), mais si l'on scrute google Earth, nous découvrons que les orientations sont très variables et très souvent à mi chemin entre le nord et l'est comme la chapelle du Val d’Auriole, telle par exemple St Sernin à Toulouse pour n'en citer qu'une ancienne et connue.
En fait en l'état actuel, Périllos est la représentation parfaite de ce que l'on trouve un peu partout. Quand les églises ou chapelle sont orientées nord-sud, c'est généralement un simple problème de place intra muros ou de conditions géométriques du terrain qui n'offre pas d’autre choix, comme pour la chapelle Ste Barbe et telle l'église de Campagne sur Aude (pour les amateurs de Rennes-le-Château). Quand les Hospitaliers de St Jean de Jérusalem ont voulu l'agrandir, ils n'ont pu le faire qu'en la changeant d'orientation. D'est-ouest, elle est devenue proche de nord-sud. Vous le constaterez facilement sur Google Earth, elle est plutôt coincée. Cet exemple démontre que le côté pratique prévaut toujours sur une orientation privilégiée. Elle n'est pas un cas isolé, mais elle est représentative d’un impératif technique.

Nous lisons d’autre part (Ref 2) que Narbonne est orientée nord-sud mais que c'était obligatoire à cause des remparts. Voici une autre légende. Il suffit de lire l'histoire de la construction inachevée de la cathédrale de Narbonne. Les remparts, devenus indispensables au cours de l’édification ont empêché la poursuite des travaux et l'extension de la cathédrale. Ils n'ont en rien influencé l'orientation de la cathédrale. Constatez seulement comment ces légendes embrouillent tout. La cathédrale de Narbonne n'est même pas orientée nord-sud, ni même proche nord-sud, mais simplement plus ou moins est-ouest.

Cette volonté de voir la chapelle du Val d’Auriole orientée "nord-sud ou proche du nord-sud" en dépit de la réalité géographique qui met à mal "l'étrange plan", et considérant d’autre part les contradictions entre les différentes versions du changement d'orientation de l'église de Périllos et l’absence de preuves tangibles, nous pouvons affirmer sans crainte que cette obsession de l'orientation nord-sud des églises à Périllos est un mythe.

Voici au moins un mystère de résolu car nous pouvons oublier cette question (ref 1) dont nous avons désormais la réponse :

 Comment expliquer l'omniprésence de l'orientation nord-sud des églises à Périllos ?

 

      Bibliographie :

Ref 1 : Les carnets secrets, N°2, Juillet-septembre 2005, directeur de publication André Douzet, ISBN 84-933369-8-X

Ref 2 : http://www.dailymotion.com/video/xfbz02_partie1-rennes-le-chateau_webcam

Ref 3  : La quête de Saunière de Rennes-le-Château à Périllos de André Douzet et Philip Coppens aux éditions Bussière, 2008

Ref 4 : http://www.societe-perillos.com/roccaful.html

Ref 5 : http://www.societe-perillos.com/eglise_per2.html

Ref 6 : http://www.dailymotion.com/video/xfbz8z_rennes-le-chateau-partie-2_webcam#rel-page-1

Ref 7 : http://www.dailymotion.com/video/xh3xxs_de-rennes-le-chateau-a-perillos-par-andre-douzet-part3-fin_people#rel-page-4

 Ref 8 : http://www.societe-perillos.com/eglise_per3.html

23 janvier 2012

Quand des terres de Périllos appartenaient à un monastère

quand des

Nous allons aujourd'hui donner un petit coup de pouce à ceux qui, impressionnés par les légendes de Périllos, y chercheraient malgré tout un fond de vérité et surtout le tombeau royal et sacré qui serait caché en ces lieux.

C'est grâce aux recherches historiques que vous gagnerez du temps. Les belles terres de Périllos sont si vastes et difficiles à explorer.
C'est avant tout grâce à ce que ne veulent pas dire ces contes que vous vous économiserez sur le terrain.

A la lecture de diverses histoires récentes, les seigneurs de Périllos étaient tout-puissants en et hors de leur domaine. Sur ce propos nous avons déjà légèrement soufflé sur le voile qui masque un mythe dans toute sa splendeur. Nous ne le lèverons pas plus pour l'instant, mais dans "Une pierre blasonnée mine de rien fait un four" nous vous avons livré un texte qui démontrait qu'il n'en était rien (Ref 1). En cette occasion, en 1296, le Roi d'Aragon avait du arbitrer un différend entre le seigneur de Périllos et des habitants des lieux voisins. Et ces seigneurs ont fait des concessions. L'étude historique demontre que seules deux générations ont été plus remarquables, mais certainement pas toutes puissantes. On ne trouve cela que dans les contes, nullement dans la vie réelle, ni hier ni aujourd'hui ni pour personne. Ces deux générations étaient plus proche des dirigeants et ne le devaient qu'à leurs seuls mérites dans leurs fonctions, comme d'autres familles locales dont les noms se retrouvent dans "l'Histoire du Roussillon" (Ref 2). Rien n'était jamais totalement acquis.

Nous lisons aussi que la famille de Périllos serait restée maîtresse fort longtemps en ces lieux, en incorporant bien évidemment Ramon de Perellos y Roccaful comme participant pour réaliser ce challenge. Nous l'avons vu plusieurs fois, l'Histoire disqualifie indubitablement ce dernier. Seule une légende a le pouvoir de nier l'évidence et faire en sorte que les Pérellos perdurent en ces lieux jusqu'au 18eme siècle (1720, décès de ce grand Maître de l'ordre de Malte). Il est historiquement incontournable que la branche des Pérellos se soit éteinte avant d'arriver aux années 1500. Les terres et le château de Périllos leur ont survécu et leur histoire s’est confondue avec celles d'autres seigneurs. Si vous nous suivez depuis le début et avez lu les pages précédentes de ce blog, vous avez eu accès à toutes les preuves historiques.

Après nous avoir assuré de la toute puissance de ces seigneurs de Périllos et de leur extraordinaire longévité, les légendes, pourquoi se priver, n'avaient plus qu'à les désigner volontaires comme gardien du tombeau royal et sacré.

C'est ici que l'Histoire va vous aider à rétrécir le champ de vos recherches sur le terrain.
Que ne peuvent surtout pas vous dire les légendes puisque finalement les seigneurs de Périllos étaient des hommes comme les autres alors qu'elles nous assurent du contraire ?
Simplement que les terres de Périllos n'appartenaient pas dans leur intégralité à ces seigneurs.
Or, comme ils sont supposés être les gardiens de la parcelle royale et sacrée, elle devrait donc obligatoirement être soumise à leur autorité.
En éliminant ce qui ne leur appartenait pas, vous gagnez du temps !
Comment procéder ?

Les légendes nous tiennent des propos aussi fantaisistes qu'irréalistes. Une fois acquis que les Supers Héros dotés de pouvoir (en l'occurence un secret légendaire) ne peuvent exister que dans les contes, il suffit de se pencher sur les faits réels.

Que se passait-il en ces années où les monastères fleurissaient un peu partout ?
Les seigneurs s'empressaient de leur confier des terres. Et voyez-vous, les seigneurs de Périllos n'ont pas dérogé à la règle.
Il suffit donc de recenser les possessions des monastères et vous éliminerez de facto des "pasquiers" à parcourir.

En suivant ce schéma, dans la littérature, nous avons trouvé trace de "pasquiers" appartenant à l'abbaye de Sainte-Marie de Jau (diocèse d'Elne) qui étaient situés sur les terres des Périllos (Ref 3). Il faudrait aller fouiller dans les archives pour voir si les limites ou les descriptions de ces "pasquiers" existent. En ce qui nous concerne, ayant analysé toutes les légendes modernes de Périllos et constaté à quel point elles tordent le cou sans vergogne à l’Histoire, nous ne cherchons pas ce tombeau que nous jugeons  imaginaire. Nous n'avons donc pas été plus avant.

Maintenant quand vous lirez ceci, qui n'est qu'un résumé de diverses légendes : "Les Seigneurs de Périllos furent les seuls propriétaires de la Commune jusqu'aux environs du XVIIe siècle" (Ref 4), vous saurez que vous êtes dans le mythe et le légendaire, certainement pas dans la réalité ni dans l'Histoire. Ils n'ont été propriétaires que jusqu'à l'orée du XVIeme siècle et ils n'étaient pas les seuls propriétaires.

Alors ce soi-disant tombeau extraordinaire qui existerait sur les terres de Périllos est-il vraiment au bon endroit ? Sur une terre qui n'appartenait pas à l'abbaye ?
Bien sûr, forcément, puisque ce n'est qu'une légende parmi des légendes, il sera au bon endroit.

Nous ne sommes pas devant un écran de fumée pour cacher un fait, par exemple pour ne pas vous simplifier la tâche si vous le cherchez. Non, nous sommes devant une création pure et simple. Les légendes de Périllos ne disent que ce qui les arrange, travestissant des faits banaux qui les dérangent au profit du mythe dans lequel elles se complaisent.

             Note :

  un pasquier est un pâturage

 

            Bibliographie :

Ref 1 : Histoire du Roussillon par Jean de Gazanyola, chez J.-B. Alzine à Perpignan, 1857

Ref 2 : Histoire du Roussillon tome 1 et 2 de Dominique Marie Joseph Henry, Paris imprimerie royale 1835

 Ref 3 : Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées Orientales, onzième volume, année 1858, article "Monastères de l'ancien diocèse d'Elne" par B. Alart.

 Ref 4 : La quête de Saunière de Rennes-le-Château à Périllos de André Douzet et Philip Coppens aux éditions Bussière, 2008

 

 

16 janvier 2012

Le carré magique de Salvaterra et Salvaterra suite

carré magique de Salvaterra 2

Voici une histoire intéressante qui nous montre les erreurs involontaires dans lesquelles tombe quelqu'un de bonne foi qui s'aventure à faire des interprétations à partir de récits pris pour florin comptant sans en avoir préalablement vérifié le contenu historique. Cette histoire illustre une fois de plus comment une légende peut essayer de réécrire l'Histoire à son profit pour finalement arriver à un résultat assez ironique.

Avant d'aborder le carré magique en lui-même, il nous faut revenir sur le chauvinisme, cette marque de fabrique des légendes de Périllos, sujet que nous avions déjà abordé dans l'article "Spoliation sur ordonnance royale...". En effet, ce carré magique, soi disant dans les décombres de la forteresse du plateau de Salvaterra, s'appuie sur des textes récents refusant une fois de plus son appellation officielle au château d'Opoul. On nous y met carrément au défi de trouver la moindre preuve dans les textes historiques prouvant qu'il en soit autrement (ref 1). Nous avons relevé ce défi et avons apporté la preuve dans ce blog (cf. « Salvaterra plateau de légende ») qu'il suffit de lire la charte d'origine de la création de la forteresse pour voir que le nom initial d'Opoul fut remplacé par celui de Salvaterra pour ensuite avec l'usage revenir à celui d'Opoul (Ref 2). Nous avons aussi apporté un autre élément, à savoir que Ramon de Pérellos, en personne, lui donnait bien l'appellation de château d'Opoul et ceci en 1396 (Ref 3). Sous couvert d’une approche pseudo historique, la légende détourne donc bel et bien l'Histoire à son profit

Mais même si nous n'avions pas les preuves historiques que le nom d'Opoul est bel et bien mérité, il n'en demeure pas moins que ce fort est et était sur les terres d'Opoul. Fait qui par lui-même donne plein et entier droit à cette appellation. En fait nous ne comprenons pas vraiment le but de ce déni. Nous ne voyons pas en quoi cela sert les légendes de Périllos de vouloir dénigrer Opoul. Ce château n'a jamais appartenu aux Pérellos. Il n'est pas sur les terres de Périllos et ne l'a jamais été.

Plus étrange encore, cette légende minimise arbitrairement l'importance historique du village d'Opoul, sous prétexte qu’il n'aurait appartenu à aucun seigneur, et que nulle personne illustre ne se trouverait associée à son passé. Opoul n'avait pas besoin d'un vassal pour le régenter puisque ses terres appartenaient directement aux rois successifs du Roussillon, personnages illustres s’il en est. Nous ne comprenons pas en fait cet argument pris comme référentiel servant à juger et classer un territoire et ses habitants. La légende crée de toute pièce une contre vérité historique en citant une phrase tronquée et savamment déformée. Prenant pour référence "L'histoire du Roussillon" de D.M.J. Henry, elle cite : "Celui-ci (M. Henry) explique qu'il y a une telle absence juridique et administrative dans ce secteur dépourvu du moindre petit seigneur, que le gouvernement d'alors, vers 1463, finit par nommer "Philippe-des-deux-Vierges,seigneur de Montpeyroux, viguier de Roussillon et de Vallespir" (Ref 1). Si nous sommes bien vers 1463, M. Henry, si féru d'Histoire et d'archives doit pourtant se retourner dans sa tombe en constatant comment son texte a été effrontément travesti. En écrivant cette phrase, fort adroitement tirée de son contexte, M.Henry ne nous explique en rien l'absence juridique ni le manque du moindre petit seigneur mais tout simplement comment le Roussillon passa pour quelques années sous la tutelle du Roi de France. En effet, la phrase originale complète est limpide sur le vrai sujet : "Le gouvernement des deux comtés fut donné au comte de Foix, et Philippe-des-Deux-Vierges, seigneur de Montpeyroux, fut nommé viguier de Roussillon et de Vallespir, charge à laquelle fut réuni le gouvernement du château de Bellegarde, après sa reddition." (Ref 4, page 83) En réalité, la légende, après avoir remplacé la première partie de la phrase par une introduction explicative aussi inventive qu'opportune pour arriver au but poursuivi, en omet également la dernière partie qui nous aurait éclairé et aurait révélé la supercherie. Et ainsi, le tour est joué !

Pour ceux que cela intéresse, et en résumant, le royaume d'Aragon est au bord de la guerre civile. Le roi d'Aragon fait appel au roi de France
pour lui porter secours. Ce dernier par l'entremise du comte de Foix y répond favorablement. Le gage de la dette est le Roussillon (entre autres).

 Petite anecdote amusante, pour renouveler le pacte d'alliance, les deux rois, Juan II  et Louis XI, se sont retrouvés le 3 mai à Sauveterre (Ref 4). Pas de chance pour la légende, ce n'est pas Salvaterra mais Sauveterre de Béarn que nous retrouvons et dont nous avions déjà parlé.

Nous en venons maintenant à ce carré magique. Ce n'est pas le carré en lui-même qui nous intéresse. Bien trop hypothétique, nous n'en tiendrons pas compte. Nous n'en avons jamais vu la moindre photo, même en plan très serré. Nous n'avons trouvé aucune référence dans des textes anciens qui en parlerait. Il serait caché sous les ruines après un effondrement de mur. Seule la société Périllos l'aurait retrouvé et en présente un dessin. (Ref 5)

Nous allons plutôt analyser une étude de ce carré qui a été réalisée à partir du contenu des seules légendes de Périllos sans en avoir vérifié les données historiques réelles. (Ref 6)

Nous ne nous occuperons pas de l'analyse dans son ensemble. Ce n'est pas le propos ici. Nous laissons chacun libre de sa compréhension et y trouver ce qui lui sied. Mais si le résultat voulu était de faire l'apologie de Périllos et de ce qui est supposé s'y trouver, nous nous trouvons en fait devant l'apologie involontaire d'Opoul le dénigré sur lequel se reportent historiquement les faits réels.

Sans chercher à rentrer dans les explications offertes nous lisons dès le début de l'étude sur ce carré que le nom aurait du être Salvaterra et non Salveterra. L'Histoire fait bien son travail puisque le nom est bel et bien Salvaterra ainsi qu'il suffit de le lire dans la charte de création de 1262. Nous lui donnons donc entièrement raison, mais le sujet parait peu maîtrisé.

Ce que nous relevons de plus dommageable c'est que cette étude continue ensuite avec la reprise de la négation du nom d'Opoul pour ce château. La déduction offerte dans cet essai coule de source. Il y a volonté de cacher derrière cette fausse appellation une "réalité" inconnue mais d'une appétence certaine. Le plus regrettable en ce qui nous concerne c'est qu'en se basant sur la seule légende, c'est à dire sans en avoir vérifier la vérité historique, cet exposé abusant de l'"impropre historiquement" en vient "à l’insu de son plein gré" à insulter les gens d'Opoul en parlant de "...flatterie, la culture d'orgueil d'un nom, d'un lieu dont l'absence de passé est le fondement  du mirage du futur", "...cultiva un certain ego social..." Comme si ces braves gens qui n’ont rien demandé à personne s'étaient injustement appropriés l’aura historique de la citadelle. Mais exit le mystère et l'écran de fumée. Ce n'est pas un ego social, ni l'orgueil d'une commune qui a donné le nom d'Opoul au château mais l'Histoire et la géographie. Et voilà comment se répandent des erreurs, et comment se réécrit l'Histoire au profit d'une légende chauvine, absconse car quel en est l’intérêt in fine ? Partant de là, avec comme préalable une telle erreur ainsi qu'une méconnaissance du nom du plateau, où serait enfoui le soi-disant carré, le tout pimenté d'une crédulité totale dans la véracité ô combien douteuse des légendes de Périllos, comment pouvons nous accorder foi au reste de l'exposé ? Là est le danger de ne pas vérifier si l'on erre dans le légendaire ou si l’on se penche sur l'Histoire avant de débuter un travail.

L'exposé malgré la meilleure volonté du monde entre obligatoirement dans les légendes puisque la base déjà s'avère en être une. Et malheureusement continue de tracer son chemin parmi d'autres bien connues. Nous passons par Notre Dame de Marceille, par Henri Boudet et Rennes-le-Château, suivant sagement toutes les légendes de Périllos, sans même oublier Polycarpe de la Rivière.

 Cette explication alambiquée sur le carré, pour être conforme aux légendes de Périllos, arrive à y mêler Ramon de Perellos y Roccaful associé adroitement au nombre 666. Ce très connu Grand Maître de l’ordre de Malte qui de toute évidence n’a jamais mis les pieds à Perillos y serait contre toute attente enseveli et cela après en avoir fait pivoter l'église. Ne souriez pas, on vous le répète, c’est une légende…Car historiquement il n'a aucun rapport avec ce secteur qui était français depuis plus de 30 ans avant même qu'il ne devienne grand maitre de l'ordre de Malte. Les terres appartenaient aux Gléon-Durban depuis belle lurette. Ramon de Perellos y Roccaful repose à Malte dans la chapelle Aragonaise. Il y a encore moins de raison que son nom apparaisse lié de quelque façon que ce soit  à Salvaterra.

Il nous faut lire tout un chapitre pour nous voir démontré que la pierre du carré n'a pu être écrite avant 1414. Nous pouvons quant à nous affirmer en lisant la charte de création de la forteresse qu'elle ne pouvait être (si elle existait) dans le château avant 1262. Si c'est une pierre de réemploi, elle n'a plus rien à voir avec Salvaterra ni même avec le secteur. Il serait de toute façon impossible de dire de qui ou de quand daterait ce carré au vu des nombreux et différents propriétaires ou régisseurs de ce secteur, au fil des siècles, Périllos y compris. Il est vrai que cette date de 1414, élimine la longue occupation musulmane. Cette population, pratiquant ces carrés des siècles avant nous, desservirait le dessein poursuivi par les légendes de Périllos.

Arrivons au point essentiel qui nous semble assez ironique quant au résultat : Pedro de Luna.
D'abord avec la phrase "querelle latine, c'est vrai, double chef". Nous pourrions tout aussi bien l'appliquer (sans valider ni invalider le raisonnement qui ne nous concerne pas) à ces deux rois Juan II et Louis XI dont l'un a donné en gage à l'autre un Roussillon dont il ne veut pourtant se défaire (affaire suivie par les papes). Et ce n'est pas une première. Souvenons-nous de la fin du royaume de Majorque. Là aussi, le Roussillon, et cela impliquait les châteaux, se retrouva sous deux chefs en querelle durant des années et là aussi le pape, sans être entendu, s'en était mêlé.

Mais il y a insistance sur Pedro de Luna (utilisé dans les légendes de Périllos, renforçant un secret de l'Eglise en ce lieu). Bien sur Ramon de Perellos (celui du purgatoire) travailla pour lui comme ambassadeur dans ses démêlés lors du schisme et passa du temps près de lui, parmi d'autres. Ramon de Pérellos a passé beaucoup d'années (en fait toute sa vie) dans diverses cours, ou en voyages. Dans sa relation du purgatoire il parle de son séjour à Millas lorsqu'il était dans le Roussillon, mais il ne cite jamais Périllos.

MAIS... Pedro de Luna est le beau frère de Juan I. Sa soeur dona Maria de Luna avait en effet épousé Martin son frère qui lui succèdera à la couronne d'Aragon. Dona Maria d'ailleurs assura le gouvernement durant l'absence de son mari occupé à Naples les deux premières années de son règne. (Ref 4)

A qui appartiennent le château et les terres d'Opoul à cette époque ? Au roi d'Aragon !
Qui soutient Pedro de Luna ? Le roi d'Aragon qui reste son dernier soutien jusqu'à ce que lui aussi renonce à l'aider devant son obstination.
Collioure n'est pas Périllos
Peniscola n'est pas Périllos.
Perpignan n'est pas Périllos.
Opoul (et son château) n'est pas Périllos.

Alors si nous devons deviner un mystère reliant Pedro de Luna et ce carré, il n'est pas à Périllos. Finalement les légendes et cet essai, en dénigrant Opoul au profit de Périllos, nous livrent "le Grand Mystère" sur un plateau à Opoul, si on les suit simplement et historiquement.

 Périllos et Opoul ? Ils ont chacun leur passé, leur histoire. L'Histoire et la géographie les a réunis puisque les derniers habitants de Périllos sont venus vers Opoul proche voisin, de leur plein gré, même si c’était par nécessité. Il n'y a rien de plus à en dire.
Ils ont un point commun d'envergure. Ils ont pareillement résisté au temps et à toutes les luttes vécues par ce pays, même si Périllos plus isolé a renoncé dernièrement. C'est en soi un vrai exploit en ces lieux isolés. Nombreux villages du Roussillon ont disparu devant les ravages des guerres, des routiers et des épidémies. Pour certains, personne ne sait même plus les situer, et pourtant ils furent importants. Les habitants des deux villages ont connus les mêmes difficultés dans leurs vies. Que nous importe de savoir s'il y avait un vassal ou pas, présent ou pas car les Pérellos n'étaient guère présent sur leurs terres avec certitude depuis au moins les années 1350.
 
Voilà ce que nous apprend cet hypothétique carré latin du château d'Opoul/Salvaterra. Ecrire un essai en se basant sur les légendes de Périllos, le fait entrer lui aussi dans la légende. En le confrontant à l'Histoire  il nous délivre finalement un message sans doute opposé à celui souhaité mais qui finalement remet les choses à leur juste place. Légendaire mais finalement beau carré magique.

Apprécions simplement de visiter ces deux villages encore présents pour notre plus grand plaisir, tous deux si riches d'histoires et finalement d'Histoire quand on sait la chercher et la ressentir.

 

             Notes annexes :

         Dans les temps plus anciens le nord n'était pas forcemment représenté en haut des cartes. Dans l'essai est employé le terme "orienter = orient terre" et pourtant le nord est quand même considéré comme le dessus du carré et les explications partent de ce postulat. Or souvent pour les chrétiens, en fait c'était l'est qui était en haut des cartes. Vers Jérusalem. Orient.

         Ce n'est pas en 1234 que débuta la croisade albigeoise mais en 1209.

 

             Bibliographie :

Ref 1 : http://www.societe-perillos.com/opoul_4.html

Ref 2 : Le cabinet historique revue mensuelle, Tome troisième. Chartes des privilèges aux hommes d'Opol, et Privilèges accordés par Pierre, roi d'Aragon aux gens de Salces.

Ref 3 : Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées Orientales, 13e volume, Perpignan 1863, par M.E. de Fouchier

Ref 4 :  Histoire du Roussillon tome 2 de Dominique Marie Joseph Henry, Paris imprimerie royale 1835

Ref 5 : http://www.societe-perillos.com/opoul_2.html

Ref 6 : http://www.societe-perillos.com/carremsalv_1.html  (en trois parties)

Pour nous tenir dans le cadre de la loi des exceptions des copyright, nous n'avons volontairement cité que le strict minimum, sans un mot de plus que nécessaire pour justifier la critique et analyser comparativement ces textes et les divers points abordés.

1 janvier 2012

Premier jour de l'an 2012

Nous vous souhaitons à tous une très bonne année 2012.

voeux 2012

 

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24 décembre 2011

Noël

En attendant le Père Noël à partir de 21h Tony Bram's propose un concert gratuit à l'église du village d'Opoul-Périllos. Il reprend à la trompette les grands classiques et les chants de Noël dans son concert. La messe de la Nativité sera célébrée en l'église le dimanche 25 décembre à 10h30.

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Genevrier millénaire sur le domaine dOpoul-Périllos

Pour se réchauffer, le Domaine DU VIEUX GENEVRIER propose un muscat de Noël à déguster de 10h à 20h.

Nous vous souhaitons une très bonne fête de Noël. Nous espérons que vous trouverez la chaleur qui devrait être présente ce jour là, mythique entre tous.

18 décembre 2011

Salvaterra plateau de légende

blasonLe sceau de Ramon de Perellos.
                                                                                               Source Ref 1 chez Ref 2.

D’où que l’on vienne, mais plus particulièrement de la plaine du Roussillon, le plateau de Salvaterra s’impose au regard. Cette masse spectaculaire surmontée par les ruines d’un vénérable château accroche l’œil qui dès lors ne le lâche plus, fasciné. Et là, on ne résiste plus, on s’approche pris d’une envie impérieuse, celle d'y aller voir. Et la récompense pour les efforts fournis, c’est un spectacle somptueux qui vous est offert et cela, quelles que soient les conditions climatiques. Sous le vent qui fait courber le dos, sous un soleil implacable ou encore sous l'orage qui s'annonce. La vue de là-haut est superbe, quel que soit le côté vers lequel se porte le regard. Les ruines par contre ne sont pas prestigieuses; rien de comparable à Peyrepertuse ou Termes. Mais un petit je ne sais quoi les rend surprenantes, attachantes d'une manière indéfinissable. Non, indiscutablement, ce lieu n’est pas anodin et l'arpenter incite à croire à toute légende le concernant.

Et cela n’a pas manqué : c’était par trop tentant. Salvaterra est entré dans la mythologie de Périllos. Son nom l'y prédestinait : ne suggère-t-on pas qu’un sauveur serait supposé reposer sous les terres environnantes. Salvaterre nous est donc servi sur un plateau.

Dans la mythologie de Périllos, le château d'Opoul, ne serait qu’un obscur castel oublié dans le village homonyme. Elle se refuse à admettre que celui du plateau soit celui d'Opoul et cela sans avancer la moindre preuve. (ref 3, 4)

La légende nous l'avons vu ferait de M. de Cassini le détenteur d’un secret caché dans la "Terra (non) incognita" de Périllos. Pourtant, la carte qu'il nous a laissée pour la région de Périllos est limpide : le château d'Opoul est bien celui situé sur le plateau. (Ref 5).
Si nous nous référons à Clément Boissier (Ref 6) il en va de même. Selon l’auteur, c’est la famille de Casamajor qui aurait donné le nom de Salvaterra au château d’Opoul (Castlar d’Oped) et cela en souvenir de son autre Sauveterre (en Béarn). Après le départ des Casamajor pour Ille-sur-Têt le site retrouve son nom d’Opol. Nous reviendrons sur cette référence plus loin dans le texte.
Continuons nos investigations et ouvrons "l'Histoire du Roussillon" de J.D.M. Henry (Ref 7) ou celle de Jean de Gazanyola (Ref 8), nous constaterons qu’il n'y a pas d'ambigüité non plus en ce qui concerne l’appellation du Château.

On pourra bien sur nous rétorquer que tout ceci n'est que matière de deuxième main sur le plan historique.
Heureusement il existe un document historiquement contemporain des faits : une charte d'origine rédigée à la demande de Jacques Ier d’Aragon, document daté de juillet 1262 et reproduite dans une revue "le cabinet historique" (Ref 9). Il y est traité des facilités accordées par le roi aux habitants d’Opoul et de Perillos qui décideraient de s’installer en la forteresse en construction au lieu dénommé autrefois « castlar d’Opet », et maintenant (1262) Salvaterra...

Nous pouvons conclure que le château a porté selon les époques les deux noms d’Opol (Opoul), Salvaterra, pour finalement redevenir celui d’Opoul. C’est toujours sous cette appellation que nous le retrouvons sur les cartes IGN récentes.
Le déni que ce château ait jamais été sous le vocable d'Opoul se révèle aussi arbitraire que révélateur. De fait nous sommes bel et bien dans une légende refusant l'entrée d'Opoul dans le monde mythologique de Périllos.

Il vous reste toutefois une personne à entendre sur la dénomination de ce château pour sceller définitivement son sort. Et son avis (que vous allez lire dans quelques lignes) nous importe beaucoup. A tout seigneur tout honneur !

La légende soutient aussi que le nom de Salvaterra signifie, terre surveillée, sécurisée, (Ref 3), sauvée (Ref 3, 4), et propose aussi terre du Sauveur (Ref 4), ce qui évidemment sert bien cette autre légende d’un tombeau de grande importance qui serait dans le secteur.
Nous pourrions dire tout simplement terre sauve ou terre d'accueil ce qui correspond bien avec le but de la charte (Ref 9) et sa nouvelle appellation liée.

Las, nous trouvons beaucoup de lieux en France et à l'étranger qui portent le même nom. S'il devait y avoir un sauveur enterré près de chacun de ces Salveterre ou Sauveterre etc..., cela impliquerait un sacré don d'ubiquité assez difficile à concevoir, même si nous savons bien que le père Noël peut passer dans toutes les cheminées en même temps. Ce ne sont pas les pains que le Sauveur aurait du multiplier, mais lui-même pour réaliser pareil exploit.

Parmi tous les Sauveterre il y en a un que nous allons retenir plus particulièrement : Sauveterre de Béarn. Cet endroit aussi est superbe. Situé à l'opposé sur la carte du sud de la France, il est aussi vert que celui du Roussillon est aride mais tous deux ont un point commun. Ils font partie de la même Histoire.
Le Roussillon et le Béarn sont liés par une Histoire commune, au travers des comtes de Foix. Henry IV ou Gaston Fébus appartiennent autant à Foix qu'au Béarn où ils sont nés. Pour l'anecdote, Gaston III de Foix-Béarn est décédé dans un petit village béarnais portant un nom légendaire qui fait rêver : l'Hôpital d'Orion.

La mythologie de Périllos omet cependant un élément historique des plus intéressants. Un document précieux car ils sont rares. C'est Ramon de Périllos qui prouve par son sceau la réunion des deux Histoires une fois de plus et nous amène aux deux Sauveterre par ricochet. Et révèle... deux légendes ?
Il existe un ordre écrit par Ramon de Périllos capitaine général du Roussillon adressé aux consuls de Tura en date du 25 novembre 1396 pour leur annoncer la prise du château-fort d’Opol par le Comte de Foix. L’authenticité du document est avérée par la présence du sceau de Ramon de Perillos. (Ref 1). 

Ici, nous devons cependant revenir sur le texte de Clément Boissier et avouer une certaine perplexité. Nous nous trouvons face à deux documents, le premier de 1262 concernant le château d’Oped aussi appellé Salvaterra, le second, de 1396 annonçant la prise du château d’Opol par les comtes de Foix (béarn). Si l'auteur nous donne des références, il ne cite aucune date pour les faits qu'il avance et ne fournit aucune explication. Le château (qui doit être construit) était-il donc déjà sous (futur) commandement d'un Casamajor du Béarn dès avant 1262 pour avoir pu lui donner le nom de Salvaterra ? Cela parait peu vraisemblable ; nous pencherions plutôt pour une libre interprétation de la généalogie des Casamajor par Mr Clément Boissier, basé sur la similitude des noms de famille et l'histoire commune entre ces deux régions durant plusieurs siècles. C'est avis nous le trouvons déjà exprimé par d'autres auteurs. (Ref : 10).  Nous n'avons à ce jour hélas aucune explication claire à proposer. Mais nos recherches sur le sujet continuent. Il semblerait que le nom de Salvaterra prouve bien son titre de plateau de légende.

En l’absence de certitude sur ce dernier point, continuons notre analyse de la légende. Elle nous persuaderait que sans aucun doute, le château de Salvaterra a été érigé pour défendre bien autre chose que les frontières au vu des conditions qu'offrait Jacques Ier pour s'installer dans les lieux et le peu de moyens fourni à cette forteresse (Ref 4) . Mais à la lecture des conditions offertes pour s'installer à Salses, nous sommes bien en droit de douter de cet argument. (ref 9)
Nous sommes confortés dans notre analyse par la lecture des conditions édictées pour s'installer à Perpignan (ref 7). Nous sommes bel et bien dans le cas de figure d’un peuplement et de la défense du Roussillon. Rien à voir avec la défense d'un mythique dépôt sur les terres de Périllos.

Pour Opoul alias Salvaterra comme pour Salses, les conditions de vie sont très difficiles. L'un se trouve isolé sur une hauteur inhospitalière, balayé par le vent, l'autre est implanté en bord de l'étang ce qui à l’époque implique des conditions sanitaires peu satisfaisantes et létales. Perpignan est choisi par les rois comme lieu de résidence.

Il coule de source que pour Jacques Ier et ses descendants, ces forteresses n’ont qu’un seul et unique but : protéger ses frontières du remuant voisin français.

Nous ne traduirions pas exactement "...considerantes honorem et utilitatem tocius Rossilionis..." par "indispensable à la sûreté de tout le Roussillon". Mais puisque nous sommes bien dans une légende, ne nous arrétons pas à une petite exagération de bon aloi.

Ainsi donc, c’est en signant avec son sceau que Ramon de Perillos met à mal tout un pan de la mythologie de Perillos, rendant à Opoul ce qui est à Opoul. Joli clin d’œil de l’Histoire n’est-ce pas?

     Bibliographie :

Ref 1 : Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées Orientales, 13e volume, Perpignan 1863, par M.E. de Fouchier

Ref 2 : http://gallica.bnf.fr/

Ref 3 : La quête de Saunière de Rennes-le-Château à Périllos de André Douzet et Philip Coppens aux éditions Bussière 2008

Ref 4 : http://www.societe-perillos.com/opoul_1.html (en trois parties)

Ref 5 : http://www.cartocassini.org/galerie/index.php?/category/cassini   Carte 59 Perpignan

Ref 6 : Famille de Casamajor, un peu d'Histoire : sa noblesse ses alliances son expansion, Paris, librairie Alphonse Picard par Clément Boissier, juillet 1905

Ref 7 : Histoire du Roussillon tome 1 et 2 de Dominique Marie Joseph Henry, Paris imprimerie royale 1835

Ref 8 : Histoire du Roussillon par Jean de Gazanyola, chez J.-B. Alzine à Perpignan, 1857

Ref 9 : Le cabinet historique revue mensuelle, Tome troisième. Chartes des privilèges aux hommes d'Opol, et Privilèges accordés par Pierre, roi d'Aragon aux gens de Salces.

Ref 10 : Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables, T8, par C. d'E.-A, Evreux, imprimerie Charles Hérissey, 1909

8 décembre 2011

Périllos au coeur du livre de Michèle Bayar : La grotte Oursu

LA-GROTTE-OURSU-couv-1

Michèle Bayar publie "La grotte Oursu", une nouvelle inspirée par les légendes de Périllos et l'expérience Chronodrome.

1er mai 2010.

Comme chaque année sur les hauteurs d’Opoul, les organisateurs de l’opération Chronodrome lancent des messages vers le futur et sondent ciel et terre dans l’espoir d’une réponse. Pendant ce temps, leurs adolescents évoquent Ramon de Perillos, seigneur de Salveterre, réputé alchimiste, qui aurait trouvé une porte sur l’autre monde dans la grotte Oursu

Quel lien y a-t-il entre ce lieu et le futur lointain ? Pourquoi Laïa se met-elle à dessiner des elfes ?

Auteur de nombreux ouvrages, notamment pour la jeunesse, Michèle Bayar vit depuis sept ans dans les Pyrénées Orientales. Après Un figuier venu d’ailleursla Retirada (éditions Oskar, 2009), roman fantastique jeunesse sur le thème de l’exode espagnol de 1939, elle signe ici une nouvelle tellurique, empreinte d’une grande sincérité, où apparaît son engagement pour une planète qu’elle sait menacée. Les lieux, familiers, lui servent de décor. Plus complice que didactique et toujours avec humour et tendresse, l’auteur nous offre, à travers des personnages sensibles et attachants, la vision d’un monde à construire autrement.

LA GROTTE OURSU
Auteur : Michèle Bayar
Broché  - ISBN  978-2-8225-0295-5
Editions Kirographaires

4 décembre 2011

Ramon de Perillos et le purgatoire St Patrick

purgatoire st patrick

Avec l'histoire de Ramon de Périllos et de son voyage au puits de St Patrick en Irlande, nous sommes au croisement d'une légende ancienne et d'une légende moderne. La légende ancienne va être régénérée pour accomplir la légende moderne.
Cette dernière estompe la facture trop légendaire de la première, la recentre en la nimbant de mystères sur Périllos en appui de ses autres histoires, tout en donnant une impression de faits concrets.

Si dans la mythologie de Périllos nous entendons souvent parler de cette geste épique de Ramon de Périllos, elle ne nous est que succintement rapportée, sans nous fournir une idée réelle de son contenu. Les différentes versions de l'histoire moderne de Ramon mentionnent une notion de méditation, d'initiation ou de descente dans une grotte. Elles insistent sur la difficulté de réussir cet engagement et sur l'esprit chevaleresque de celui qui accomplit ce pélerinage. Nous sommes en vérité très loin de la teneur du texte de Ramon avec ses différentes descriptions de l'enfer ou du paradis.
Nous ne trouvons jamais de référence pour pouvoir trouver cette narration ancienne qui parait hors de portée du commun des mortels qui voudrait se la procurer.
En fait, la version originale qui serait écrite par Ramon de Perellos se trouve conservée à la bibliothèque de Toulouse. Mais grâce à internet qui a ses bons côtés, vous pouvez lire soit cette version occitane dans un livre de 1905 (Ref 1), soit une traduction de la version catalane (Ref 2). Il est très intéressant à plusieurs titres de la lire et nous vous recommandons d'en prendre connaissance ne serait ce que pour des morceaux de sa vie qu'il nous livre au cours de sa narration.

Tout ce qui lui arrive dans cette grotte est une pure légende. Il nous raconte sa rencontre avec des démons, ses visions des différents niveaux de l'enfer. Ici, des hommes cloués avec des clous brûlants et dévorés par des dragons, ailleurs, mêmes tourments accentués avec serpents et extraction d'organes, puis plus loin, d'autres condamnés entièrement percés de clous avec des démons les fouettant. Puis en vient un autre où s'activent les pleines flammes de l'enfer avec d'autres tortures. Mais ceux qui y sont se trouvent sur la voie du salut. C'est ici que se trouvent le roi d'Aragon et la nièce de Ramon. Suivent d'autres représentations de ce monde si peu convivial. A chaque fois, Ramon se retrouve délivré par la seule énonciation du nom de Jésus Christ de tous ces tourments que les démons essayent de lui appliquer. Suit une description, toujours dans la pure ligne iconographique chrétienne, du paradis. Si quelqu'un nous faisait ce récit aujourd'hui, on lui demanderait famillièrement ce qu'il a fumé. Par contre, en ces temps là, tout le monde trouvait normal que Marie Madeleine, dans "La légende dorée" écrite vers 1260, soit élevée tous les jours dans les airs par des anges. Nous sommes aussi dans la pleine époque des quêtes du graal et de diverses chansons de gestes.

Alors bien sûr, l'écrit de Ramon de Périllos est plus tardif, 1397, mais les mentalités n'ont pas encore évolué sur ce genre de littérature et l'on sent bien l'emprise de l'église qui avait encore son message à renouveler. Tous les auteurs qu'ils soient anglais, français ou espagnols sont unanimes. Ce récit n'est qu'une adaptation (ref 3), voire une simple compilation (ref 4) de textes précédents, principalement celui de Henry de Saltrey. Ramon de périllos fait une reprise à son compte de la légende en insistant sur les périls qu'il va encourir, qu'il vit, et qu'il a supporté, les horreurs de l'enfer avec l'imagerie catholique de l'époque et les bonheurs du paradis où sont réunis en tête, papes, archevèques, etc...

"L'histoire de la littérature est souvent l'histoire de réécritures persévérantes qui renouvellent à des époques différentes et avec des manières distinctes, une certaine matière favorisée par la réception propice des lecteurs. Un exemple de ceci pourrait être la légende sur le purgatoire de Saint Patrick." Voilà les premières lignes de l'introduction d'un article en espagnol de Maria Mercedes Rodriguez Temperley (ref 5). Suit une étude intéressante et explicative de cette légende dans laquelle figure Ramon de Perellos en temps que "duplicateur" de l'histoire initiale de ce purgatoire à des fins certainement politiques. Mais ne jugez pas Ramon de Perellos pour ce plagiat. Tout est dit dans ces lignes traduites. Vous aurez également une très bonne explication de cette reprise formulée par M. Pons (Ref 6).

Revenons maintenant sur la légende moderne qui constitue la dernière adaptation de ce récit du purgatoire de St Patrick. Une de ses versions (Ref 7) démontre le courage de Ramon à sa façon, non par une description des tourments qu'il subit dans la grotte et qu'elle évite soigneusement de raconter, mais par le fait que plus courageux que tous, il y est demeuré seul. Son compagnon effrayé se serait arrété à l'entrée, alors que Ramon continuait. Ce qui est inexact. Les deux ont reçu la même préparation d'où leur entrée commune. Ils ont été "séparé". Il est seul pour ses visions mais ils se retrouvent avant de sortir. Il nous est clairement dit dans les deux versions occitane ou catalane qu'il a subi les mêmes tourments. "E aqui venc mon companho que ieu non avia vist despueys que era intrat, loqual per lo mal que avia passat era fort pejorat....." (Et ici vint mon compagnon que je n'avais pas vu depuis que j'y étais rentré, lequel par le mal qu'il avait passé était fort affaibli...). En fait le seigneur de Périllos montre sa force morale et physique parce qu'il aide ensuite son compagnon à sortir.
Ce point de la mythologie de Périllos qui est de faire valoir cette famille par des moyens imaginaires au détriment des réels est récurrent dans quasiment toutes les histoires. Pour une fois qu'un de Périllos s'exprime, laissons lui son choix qui est tout aussi honorable sinon plus pour les deux concernés et en tout cas plus honnête.

Nous allons aborder maintenant le point principal concernant l'entrée du purgatoire de St Patrick dans la mythologie de Périllos. Cela découle simplement de la suite donnée à cette geste et qui va la transformer en légende moderne.
A son retour Ramon de Périllos aurait dit qu'il savait sur ses terres l'ouverture vers un autre monde. Nulle part nous n'avons trouvé trace de ceci. Ce n'est pas dans le récit c'est certain, ni dans l'occitan ni dans le catalan. S'il y en avait eu une trace quelque part, cela aurait été soulevé par les nombreuses personnes de tous pays qui s'y sont intéressées. Cela aurait marqué un fait singulier, une particularité à son récit digne d'être relevé. Quand l'a t-il formulé ? A qui ? Où ? Tels sont les seuls vrais mystères que nous laisse entrevoir cette légende moderne.

Si pour y voir plus clair nous relevons les histoires qui reprennent cette phrase et les comparons nous trouvons diverses versions dans des guillemets, comme citées d'un texte. Cela serait donc extrait de divers textes. Voilà qui tend vers le légendaire.
"Il "comprenait" maintenant que son territoire comportait "un passage vers l'au-delà"". (Ref 7) Puis l'histoire enchaine sur les tombeaux et Joseph d'Arimathie après un paragraphe faisant lien.
"Maintenant il sait sur son territoire... l'accès à l'autre monde" (Ref 8) suit une réf : document du 14e siècle à la BN de Barcelonne. Là c'est mythique.
Il connait des clés concernant "certains mystères déposés sur ses terres comme par exemple "l'ouverture vers l'autre monde"". (Ref 9)
"Il affirme "Il existe un lieu concret qui permet d'accéder à l'autre monde"" (Ref 10). Suit une explication pour signifier que ce terme concret employé veut bien dire qu'il y a un "emplacement réel sur les terres de Périllos".
"Et maintenant je sais sur mes terres l'entrée à l'autre monde" (Ref 11). Un peu plus loin dans cette version il nous est indiqué la possibilité d'un déplacement d'Irlande à Périllos par l'itinéraire de Joseph d'Arimathie.
"Ramon de Périllos trouvera à son tour et beaucoup plus tard l'entrée vers l'AUTRE monde précisément sous ses terres" (Ref 12) Cette version voit une nette évolution de la légende, mais conserve un rapport direct dans la même phrase avec les tombeaux connus comme points zéro et un situés sous ces terres.
"Ouverture vers un autre monde" (Ref 13). Ici nous sommes proche de la Ref 9. Mais nous relevons cette version car elle est suivi d'une phrase des plus intéressantes. "décrite par un seigneur dont la puissance et la réputation mettent hors de doute le discours". No comments.

Mais même sans ces différentes versions qui ruinent la véracité historique de ces propos, il aurait fallu que la légende soit plus précise. Territoire ou terres est bien trop large. Surtout quand on lit le récit de Ramon de Périllos. Il se présente comme vicomte de Périllos et Rodes et seigneur de Céret. S'il parle de son séjour à Millas entre ses années passées en France ou en Italie, jamais il n'évoque Périllos. Il est donc aussi arbitraire qu'orienté de dire que l'ouverture accès de ce monde au-delà est à Périllos. Mais ceci n'est bien qu'un détail dans une légende.

 Bibliographie :

Ref 1 : http://www.archive.org/stream/voyageaupurgatoi00jeanuoft/voyageaupurgatoi00jeanuoft_djvu.txt

Ref 2 :http://www.renneslechateau.com/francais/galaad2.htm

Ref 3 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391x_1910_num_26_4_4230

Ref 4 : St Patrick purgatory an essay on the legends par Thomas Wright, London, 1844

Ref 5 : http://fr.search.yahoo.com/search?fr=greentree_ff1&ei=utf-8&type=867034&p=DESMITIFICACI%C3%93N+DE+LA+LEYENDA+DEL+PURGATORIO+DE+SAN+PATRICIO%3A+el+manuscrito+18723.21+de+la+Biblioteca
+Nacional+de+Madrid%22  

Ref 6 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hispa_00

Ref 7 : La quête de Saunière de Rennes-le-Château à Périllos de André Douzet et Philip Coppens aux éditions Bussière 2008

Ref 8 : http://www.societe-perillos.com/expo2007.html

Ref 9 : http://www.societe-perillos.com/angelina_3.html

Ref 10 : http://www.societe-perillos.com/enigme.html

Ref 11 : http://www.societe-perillos.com/siege.html

Ref 12 : http://www.societe-perillos.com/stpierre.html

Ref 13 : http://www.societe-perillos.com/opoul_2.html

Pour nous tenir dans le cadre de la loi des exceptions des copyright, nous n'avons volontairement cité que le strict minimum, sans un mot de plus que nécessaire pour justifier la critique et analyser comparativement ces textes et les divers points abordés.

28 novembre 2011

Spoliation sur ordonnance royale pour ne pas nuire à la santé mythologique

Drapeau blanc 2

Les histoires de contes et légendes partagent souvent une même particularité. Elles font preuve de plus ou moins de chauvinisme. La mythologie de Périllos n'échappe pas à la règle. Elle s'applique à maltraiter ses voisins de Durban ou d'Opoul pour rehausser le prestige des seigneurs de Périllos. Elle soigne au contraire l'image de Guillaume de Roussillon et l'entoure d'un voile de mystère pour renforcer celui des Périllos. Dans le cadre de contes et légendes, ce chauvinisme est tout à fait de bonne guerre et ne se discute pas, puisqu'elles ne sont pas un reflet de la vérité mais un outil pour mettre en valeur ses héros. Par contre, quand des histoires sont présentées comme historiques en citant des faits précis, tout chauvinisme devrait en disparaître. Il est important de démêler le vrai du faux pour ces Seigneurs, que cette mythologie de Périllos ne concerne pas directement, mais dont pourtant elle entache ou arrange leur Histoire pour servir à sa création.

Nous allons commencer par les seigneurs de Durban souvent cités. Examinons si les points avancés, systématiquement négatifs, sont légitimement mérités où relevent seulement du pays imaginaire.

La mythologie de Périllos fait souvent référence aux écrits du docteur Courrent pour certifier ses histoires. Or, il se trouve que la lecture de ces écrits nous donne une version sensiblement différente des faits avancés concernant les seigneurs de Durban.

Le chauvinisme latent envers ces seigneurs voisins s'annonce déjà par les propos péjoratifs émaillant les textes, dont ils se voient arbitrairement affublés, tels que "gros barons de Durban" ou "petits barons de Durban". (ref : 1, 2, 3).

Nous trouvons ensuite un classique incontournable : les barons de Durban ont "spolié" de leurs terres les vicomtes de Périllos en 1659 lors de l'annexion du Roussillon sous la couronne de France. (Ref : 3)
Ce point récurrent de 1659 nous l'avons déjà rencontré principalement dans les articles sur J.P. Courrent, sur le notaire Courtade ou sur Ramon de Perellos y Roccaful. Nous entendons distinctement tinter la clochette de notre petite Fée car en 1659, les seigneurs de Périllos avaient disparus de la scène du forfait énoncé depuis environ 200 ans.
Les Gléon, réunis aux Durban par mariage, avaient acheté les terres, également environ 200 ans plus tôt (Ref : 5, 9). Évidemment, si l'on considère que voler ou déposséder malhonnêtement quelqu'un est synonyme d'acheter, ce point se discute. Mais pour nous, il est évident que les Seigneurs de Durban ne méritent absolument pas le titre de spoliateurs.

Parfois tout de même les propos sont plus diplomatiques bien qu'aussi inexact. "ils récupèrent" ou on leur "remet" (ref : 4, 5). Dans la réalité, quand le Roussillon a été annexé, personne n'a été chassé, personne n'a "récupéré". Le traité de paix des Pyrénées entre les couronnes de France et d'Espagne est très clair à ce propos. (Ref : 7). Même la langue française ne sera imposée que des décennies plus tard (Ref : 8). Si des gens préféraient partir, ils partaient, mais proprement, en vendant les biens qu'ils ne pouvaient emmener. De même ils pouvaient partir mais faire gérer leur bien par quelqu'un d'autre s'ils ne voulaient ni vendre ni rester.

Nous entendons aussi dire que les Durban se seraient enrichis grâce à ce qu'ils ont récupéré ou qui leur a été remis. Or, puisque cela a été vendu nous retombons dans le même cadre de figure. Quelle valeur réelle cela avait-il pour que l'on s'en soit "débarrassé" en le vendant si banalement et si rapidement.... La valeur est indexée au prix d'achat. D'ailleurs, les derniers seigneurs de Périllos, n'étaient pas préoccupés par leurs terres de Périllos. Ils n'y étaient guère présent, absorbés par leurs fonctions et leurs autres domaines.

Soit les héritiers ont vendu parce qu'ils avaient des dettes, ce qui démontre qu'il n'y avait pas de si grandes richesses à retirer de ce qui a été vendu sinon ils en auraient profité pour eux-même et n'auraient surtout pas vendu, soit ces terres ne présentaient simplement aucun intérêt pour ces héritiers qui les vendent à peine récupérées. Voilà les faits. Nous vivons dans un monde réel bien cruel pour les légendes...
La famille de Gléon-Durban était loin d'être dans la misère ou dans l'attente d'une rentrée d'argent. Leur nom remonte pour les Gléon d'avant la fin du premier millénaire quant aux Durban ils sont déjà cités en 1018. Leur nom perdure après la révolution et ils sont devenus entre temps marquis. Le docteur J. Paul Courrent nous dit en parlant d'avant 1400, "Les seigneurs de Durban étaient sans contredit les hobereaux les plus puissants de la Corbière et du Languedoc". (Ref : 9.) Est ce que lire ceci porte ombrage aux seigneurs de Périllos ? Certainement pas. Ils avaient chacun leur Histoire, tout simplement, en des lieux différents. La valeur de l'un n'enlève ou n'ajoute aucune valeur à l'autre.

Ainsi, que les Durban aient ou non participé à la croisade albigeoise, ne relève en rien la grandeur des seigneurs de Périllos. Pire, suivant les versions, il nous est assuré qu'ils ont participé joyeusement au massacre, qu'ils se sont acoquinés lâchement contre les Albigeois, etc...  (Ref : 2, 3, 4, 5). Mais voici ce que nous en dit le docteur Courrent (Ref : 9). Les armées de Simon de Montfort n'ont pas pénétré dans cette région. Après la prise de Béziers, le vicomte de Narbonne a fait sa soumission. Il était seigneur de Castelmaure et de Saint Jean et suzerain des seigneurs de Durban. Donc ces fiefs qui n'auraient pu se défendre car non préparés sont restés en paix et surtout totalement en dehors de cette croisade. Ce qui explique le silence qui les concerne pour les 50 années que durât la croisade Albigeoise.
Nous pouvons ajouter que ce fut aussi la politique choisie au tout début par les comtes de Toulouse puisqu'ils n'étaient pas plus préparés. Raimond-Roger de Trencavel, fougueux et valeureux s'est lancé trop vite dans la bataille. Il n'a pu ensuite faire comme son oncle le comte de Toulouse. C'était trop tard, il a reçu une fin de non-recevoir.
Il nous est dit que le seigneur de Périllos, lui, a lutté pour les Albigeois. (Ref : 5, 6). Quand le courageux Raimond-Roger de Trencavel a a demandé son aide au roi d'Aragon son suzerain, il n'est pas davantage venu. Donc, les seigneurs de Périllos non plus. Béziers, Minerve, Carcassonne sont alors tombées. Pierre II, plus tard, en 1213, s'est décidé pour venir porter secours au comte de Toulouse Raimond VI (de sa famille) et il est venu mourir à Muret. Qui l'accompagnait ? Nous ne trouvons le nom de Périllos nulle part. Mais après tout, pourquoi pas, peut être y avait-il ce jour là un seigneur de Périllos...

Ce qui est par contre certain, c'est que les propos tenus contre les seigneurs de Durban ne reflètent pas la réalité, mais un fort chauvinisme accompagné du doux tintement de la petite fée clochette. Entre "participer joyeusement à un massacre en s'en mettant plein les poches" ou "s'acoquiner contre" et rester neutre, il y a un fossé et un côté tendancieux que nous ne franchirons pas.

Nous ne ferons pas une liste exhaustive, mais considérez que tout ce que vous entendez dans le cadre de la mythologie de Périllos sur les seigneurs de Durban ne peut être retenu comme référence historique. Il est évident que l'utilisation du simple mot "achat" nuit fortement à la santé de la mythologie de Périllos. Cela met un coup d'arrêt à la valeur supposée de ces terres, sans parler du gardiennage des Périllos pour un trésor aussi sacré que millénaire qui lui aussi perd du crédit.
Le point sur la croisade albigeoise ne sert que la volonté de rabaisser ces seigneurs dont le défaut impardonnable fut d'avoir accèder de façon trop légitime aux terres de Périllos. Donc, les Durban doivent entrer obligatoirement dans le légendaire. Ils ont bien existé mais leur histoire doit être réarrangée pour valoir ce que de droit dans la mythologie de Périllos.

Ceci serait-il valable pour n'importe quel personnage rattaché de près ou de loin à cette mythologie ? De près, nous l'avons vérifié pour les voisins de Durban. Il reste ceux d'Opoul mais ceci est une autre histoire.

De loin, à quelques centaines de kilomètres de Périllos, nous allons examiner l'étrange histoire revue et corrigée de Guillaume de Roussillon, qui se trouve bizarrement rattaché à cette mythologie de Périllos par plusieurs points d'ancrage.
D'abord, par la chartreuse de Ste Croix en Jarez, fondée par la veuve de Guillaume de Roussillon, en passant par le biais du chartreux Polycarpe de la Rivière (qui se rapproche du Roussillon). Ce dernier est relié à l'abbé Saunière (dont le secret est à Périllos) qui aurait souvent été dans le Pilat et en trouvant des similitudes entre leurs deux histoires (Ref : 4, 6).
Les Périllos étaient sous l'autorité des Roussillon dont Guillaume de Roussillon seigneur d'Annonay était parent (Ref : 10).
Un seigneur de Périllos serait parti pour la dernière croisade avec Guillaume de Roussillon (Ref : 6).
Ils se retrouvent d'autant plus intimement mêlé que nous l'avons déjà vu, le nouveau testament prétendu des Périllos est en fait celui de Guillaume de Roussillon (Ref 4 et dans ce blog). Contrairement aux Durban, les histoires rapportées le concernant restent positives pour son honneur et sa mémoire.

Après étude, Guillaume de Roussillon se révèle lui aussi doté d'une histoire revue et corrigée qui relève des procédés classiques de mise en légende.
D'abord nous voici une fois encore confrontés à un problème de date facile à vérifier. Il serait parti pour la dernière croisade avec un seigneur de Périllos. Etant donné que Guillaume de Roussillon fait son testament en 1275 après avoir reçu l'ordonnance et avant de partir, il y a quelques années qu'il a raté le dernier bateau de 1272 (1270 pour Ref : 15) de la dernière croisade. Le mystère éclot du constat d'insuffisance des troupes de renfort qui lui sont alloué pour porter secours en terre sainte. Comme ce n'est pas une croisade, plus personne n'en veut à ce moment là sauf le pape qui est bien (le) seul, il n'y a plus de mystère. Mais si un de Périllos l'accompagnait, était-il un arbalétrier, un archer, un sergent à cheval ou pire à pied ? (Ref : 13,14, texte de l'ordonnance). Il méritait sans doute mieux. Et y serait-il parti non accompagné, seul et abandonné malgré son pouvoir, sous les ordres de Guillaume de Roussillon comme simple soldat ?  Bien sûr que non à toutes ces questions, il n'y avait pas de seigneur de Périllos lors de ce départ.

Il nous est dit que Guillaume de Roussillon parti en mission suicide doit se mettre dès son arrivée en rapport avec le grand maitre du temple, Guillaume de Beaujeu (Ref : 10, 11, 12).
Arrêtons nous d'abord sur le terme mission suicide. Ces mots impliquent qu'il se sait sacrifié (pour une mission ultra confidentielle). La preuve : il fait son testament avant de partir.
Mais non justement, cela ne prouve rien du tout. Ces mots "mission suicide" judicieusement choisis sont aussi arbitraires qu'orientés. Qu'une personne choisisse d'aller en terre sainte ou soit mandaté pour y aller, elle sait qu'elle a toutes les chances de ne pas en revenir, déjà y arriver est en soi un défi. Surtout en 1275 (presque 200 ans après le premier départ) où la situation là-bas est de plus en plus critique et tout le monde en Occident le sait, où l'expérience acquise sur 200 ans a apprit que la probabilité de ne pas en revenir est bien élevée. Mais même à la première croisade, même ayant choisi d'y aller, quel seigneur digne de ce nom, surtout ayant plusieurs domaines à gérer serait parti là-bas sans mettre en ordre toutes ses affaires ici ? Non, nul besoin de mission suicide, partir simplement là-bas imposait de faire son testament. Surtout si on y va par devoir et non par choix, on en est d'autant moins inconscient et encore moins en laissant huit enfants et une épouse. On parle d'un Seigneur !

Pour preuve historique de la mission est cité une infime partie exacte, trois mots, d'une ordonnance royale enjoignant de se mettre en rapport avec le maitre du Temple (ce que la légende relève elle-même comme point curieux). La légende incluant les mystérieux Templiers et renforçant la mission secrète nait une fois de plus, simplement, parce que le texte cité en est aussi grandement qu'avantageusement tronqué et de libre adaptation. Si nous lisons l'"ordonnance pour cent hommes à cheval envoyés outremer sous le commandement de Guillaume de Roussillon", il en va autrement. Lire l'ordonnance nuit, elle aussi, grandement à la santé de cette légende. Dans son cas, c'est carrément "mort sur ordonnance" (Ref : 13, 14).
Voyons en réalité, la teneur du texte. D'abord il n'est nulle part écrit qu'à son arrivée il doit se mettre en rapport avec le grand maitre de l'ordre du Temple Guillaume de Beaujeu, ni avec l'ordre du Temple tout court. Ceci c'est la partie arrangement de la légende.
En fait il se parle de finances. Si Guillaume de Roussillon, doit faire de grandes dépenses, pour des bateaux ou des "mercenaires" ou autre, il doit prendre le conseil du maitre du Temple (voilà les seuls trois mots vrais retenus), de frère Arnoul Wisemald, du maitre des Hospitaliers, de frère Guillaus de Corcelles, du patriarche, etc... suivent quelques noms encore. Vous voyez l'importance de la partie tronquée. Disparu le mystère templier, disparu la mission ultra secrète. Nous sommes indiscutablement dans une légende avérée.

Mais au fait, quelle était la mission de Guillaume de Roussillon ? Pour une réponse plus explicite nous vous conseillons de lire un site qui historiquement tient la route. (Ref : 15). Il allait remplacer comme autorité civile Olivier de Termes mort en 1274 et transportait des fonds que Philippe le Hardy avait reçu pour la terre sainte. (Ref : 16). Voilà qui explique en toute logique pourquoi l'ordonnance ne parle que de finances et de qui prendrait le relais si Guillaume de Roussillon venait à mourir avant son arrivée ou alors après.
Guillaume de Roussillon étant du bon côté de la barrière dans la mythologie de Périllos, sa légende devient porteuse de grand mystère qui vient renforcer celui des Périllos à qui il est allié.

Dans une version de la légende de Guillaume de Roussillon, pour renforcer l'ultra confidentialité de la mission auprès des seuls templiers, il nous est démontré qu'il n'aurait pas du aller logiquement vers les Templiers. Pourtant les historiens n'ont jamais relevé cette anomalie.
Et pour cause ! Un historien aura obligatoirement lu l'ordonnance et il ne peut poser une question qui n'existe que dans la légende.

Si une légende peut naître de l'Histoire, l'Histoire ne doit pas naître d'une légende.

Si la mythologie de Périllos a des côtés sympathiques, ici, nous hissons le drapeau blanc sur le donjon de Périllos, pour la mémoire de la famille de Gléon-Durban qui ne mérite pas les propos tenus à leur encontre et pour la mémoire des seigneurs de Périllos qui valaient bien mieux que ça. Gageons qu'ils n'ont pas du s'affronter bien souvent ici-bas. S'ils l'ont fait, nous espérons que c'était dans le respect qui est la première marque de noblesse. Et là-haut, ils ne peuvent que bien s'entendre entre gens de valeur.
Il y a presque 400 ans que le traité de paix des Pyrénées a été signé. C'est surement une partie de ce que l'on ressent sur ces terres : cette paix tant souhaitée des siècles durant.

      Bibliographie :

Ref 1 : http://www.societe-perillos.com/durban_seign.html

Ref 2 : http://www.societe-perillos.com/embres_1.html

Ref 3 : http://www.societe-perillos.com/eglise_per2.html

Ref 4 : http://www.dailymotion.com/video/xfbz8z_rennes-le-chateau-partie-2_webcam#rel-page-1 2009

Ref 5 : La quête de Saunière de Rennes-le-Château à Périllos de André Douzet et Philip Coppens aux éditions Bussière 2008

Ref 6 : "Du trésor au vertige" DVD, documentaire de Georges Combes, production Katana, 2003

Ref 7 : http://mjp.univ-perp.fr/traites/1659pyrenees2.htm

Ref 8 : Histoire du Roussillon tome 2 de Dominique Marie Joseph Henry

Ref 9 : Bulletin de la SESA (Société d'études Scientifiques de l'Aude) de 1928

Ref 10 : Durban-Corbières, Opoul, Périllos, par André Douzet, 2005, ISBN 2-9502989-6-6

Ref 11 : http://www.france-secret.com/stcroixenjarez_art.html 

Ref 12 : http://www.youtube.com/watch?v=Cfjh3osDv4o

Ref 13 : La noblesse de France aux croisades par P. Roger à Paris, 1845. P. 158

Ref 14 : http://www.templiers.net/personnages-croisades/index.php?page=personnages_lyonnais

Ref 15 : http://www.forez-info.com/encyclopedie/traverses/914-christian-rollat-qlaffaire-roussillonq.html

Ref 16 : Migrations et diasporas méditerranéennes par Michel Ballard et Alain Ducellier, Publications de la Sorbonne, 2002

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